mercredi 13 février 2008

La Mutine - notre poète du mois de février
















Née en 1975 en Seine saint Denis.
Les mots bercent ma vie dès mon enfance puisqu'à peine entrée à l'école, je clame haut et fort que je serai maîtresse d'école ou écrivain !
Etudiante en Musique et en Lettres puis définitivement Professeur de Lettres, j'ai animé des ateliers d'écriture en collège en Seine Saint Denis et j'ai introduit le travail sur le Corps et le Langage dans l'enseignement supérieur auprès des futurs enseignants.
Slameuse depuis peu, acceptée avec honneur par le collectif Fonetik'Slam, avide de découvrir des scènes diverses (parisiennes ou pas), d'introduire la pratique du slam à l'école et de partager le bonheur des mots avec enfants et adultes de tous horizons.

Myspace La Mutine



* * *


Prête-moi ta main…



Prête-moi ta main

Que je t'emmène dans les ruelles

Des coins inconnus de ma citadelle

Urbaine où se croisent des trains,

Wagons chargés de gens aux destins

Parfois incertains, confus, diffus,

Certains les poches remplies, d'autres sans revenus…


Prête-moi ta main

Et je te ferai voyager

De l'aube des petits marchés

Aux soirées fastes des grands restaurants,

Verres en cristal, couverts en argent,

Le fast-food n'est pas dans mon guide touristique ;

Moi je t'initierai aux saveurs exotiques.


Prête-moi ta main

Et tu franchiras des mers

D'une rue à une autre,

Main de fatma ou apôtres,

Papayes puis herbes amères,

Ma ville t'offre un monde en modèle réduit.

Tu es au même moment là où il fait jour et là où il fait nuit.


Prête-moi ta main

Et j'abolirai le temps ;

Pas de jet lag entre Oran ou Milan,

Les quartiers sont les écrins de toutes les sonorités,

Des accents pleins de miel, des youyous, des « r » roulés,

On y parle verlan, franglais ou par onomatopées,

Un sourire, un geste suffisent pour partager.


Prête-moi ta main

Je serai l'indigène qui guide l'étranger,

Ici tu es l'Autre, je te dois l'hospitalité.

Je nettoierai un banc pour que tu puisses t'y reposer

Je trouverai un endroit couvert pour que tu puisses t'y abriter.

T'étendre, te rassasier, un peu de chaleur

Pour oublier que l'altérité fait peur.


Prête-moi ta main

Et je ne te lâcherai pas ;

Ici, tu es l'Autre mais chez toi, ce serait moi

Et sans doute à ton tour tu pourrais m'initier

Aux odeurs des étals, à la fraîcheur de la rosée,

A d'autres accents, d'autres colères, d'autres « Je t'aime »…

Si différents et pourtant tellement les mêmes.



La mutine, 8 février 2008

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